L’ART DE DOMINIQUE
RAYNAL
La tache et le signe emportent
ici l’étendue. La tache défie l’espace, et le signe trace sa
voie d’humanité. Dominique Raynal éprouve dans le même temps
aigu l’insondable et le surgissement, l’opacité et la
transparence. L’extrême richesse de sa création vient
d’abord de l’énergie sollicitée, de l’ampleur superbement
organisée des registres d’art mis en œuvre, et de la
synthèse subtile, sensuelle et sensible, qui au final,
s’installe. Œuvre à prodiges, naviguant dans l’illimité, en
sidérante métamorphose. L’inachèvement porte la vie. Impact
saisissant, implacable et somptueux.
Dominique Raynal ne craint pas
la profusion des valeurs, ni les puissances sourdes du
chaos. Il embrasse une masse inouïe de possibles, entre
traces et secrets vitaux, allusions et talismans, et audaces
graphiques. Son art hétérogène et pluriel s’empare de cette
démesure vitale, étreint la manne des trouvailles et
s’abandonne à l’ascèse chromatique. Les transparences jouent
à merveille leur rôle d’éveil gravé à jamais dans les
surfaces. Peinture âpre et mystérieuse, cosmique dans ses
envolées, et souterraine dans ses origines.
Le dedans et le dehors font
cause d’art unique, dans la jouissance d’effets d’art aérés
de maîtrise et de souplesse. L’univers de Dominique Raynal,
lyrique et chaleureux, s’appareille aux plus lointains
secrets de l’intimité. A voir, sous signes de vie virulente,
éclatée, frémissante, d’étranges et complexes paysages
impensables, à la lisière sombre de l’âme nocturne, où
s’affrontent durement la trame et le vide.
La base de l’œuvre est souvent
graphique, quand même s’avancent, en pure peinture, des
teintes brunes, ou mordorées, ou d’un rouge équivoque,
fiévreux et ouaté, dans un espace d’une dérangeante
instabilité, au poids obsessionnel sidérant. La source
enfouie d’un drame lointain, sous l’apparente unité de la
couleur, assure l’harmonie piégée d’une œuvre aux limites de
la figuration, énigme respectée de l’existence.
Christian Noorbergen
Né à Rodez (Aveyron) en 1959.
Autodidacte, peint depuis 2005. |

Dominique Raynal |